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Photo du rédacteurCheval Communication

Appropriation culturelle, l'exploitation des rituels Amérindiens dans le néochamanisme.

Dernière mise à jour : 18 oct. 2020

L'exploitation des rituels Amérindiens et de leur mode de vie fait rage depuis les années 80., avec ce qu’il est convenu d’appeler le néochamanisme, un chamanisme créé par l’anthropologue Michael Harner dans les années 1970.


Pourquoi y a-t-il une telle attirance vers le chamanisme ? Peut-être, comme le dit une amérindienne Lakota devenue anthropologue, parce que les sociétés occidentales sont fondamentalement décentrées, elles sont foncièrement individualistes, et elles ont aussi dans leur inconscient collectif une bonne dose de culpabilité[1]. Peut-être aussi parce que, inconsciemment, nous savons que nous avons perdu le pouvoir visionnaire en apprenant de force à lire et à compter.


En Europe, la quête de vision des Lakotas est un exemple très connu. Dans les communautés amérindiennes qui la pratiquent encore sur les réserves du Dakota du Sud, la "quête de vision" est une série de rituels, menés par des Anciens de la tribu pour des jeunes personnes entrant dans l'âge adulte. Au cours de cette cérémonie, les jeunes s’isolent dans la nature, sans manger et sans boire, pendant quatre jours et quatre nuits. Au cours de cette retraite, des signes apparaissent, les signes indiquant le pouvoir de chacun. Ces cérémonies sont collectivement préparées et portées par toute une communauté. Ce n’est certainement pas une activité touristique, ni une activité que l’on peut suivre sous forme de « stage ». Malgré l’appellation de Quête de vision, la plupart de ces activités n’ont rien de commun avec des cérémonies portées par toute une communauté, exceptées le fait de jeûner et de s’isoler dans la nature. Les communautés Lakota les ont unanimement rejetées[i].

Il y a quelques dizaines d’années, l’environnement culturel d’un enfant dans une tribu amérindienne était encore radicalement différent du nôtre. Pas d’apprentissage de la lecture, ou de focalisation du mental. Pour cette raison, beaucoup de personnes dans les peuples premiers ont sauvegardé cette capacité d'avoir des visions. Pour eux, la quête de vision est une activité tout à fait différente, parce que la vision fait partie de leur quotidien. Combien de fois ais-je parlé avec des personnes de culture amérindienne qui prennent en compte très sérieusement des rêves, des signes ou des visions, au même titre que des informations lues dans un livre ? Combien en ais-je rencontré qui voient distinctement les fantômes et les esprits de l’au-delà ? C’est que le contact avec la nature et, surtout, les histoires et les contes, tout cela protège la partie de nous-même qui est ouverte à la vision.


Pour vraiment comprendre ce que c'est qu'une cérémonie amérindienne, et pourquoi c’est une activité scientifique, il faudrait remettre en question tous nos stéréotypes et saupoudrer d’une bonne dose d’ouverture d’esprit. Il faudrait vivre foncièrement insérés en équilibre dans sa propre communauté de vie, et être à chaque instant de la vie ouvert sur ce qui est en train d'advenir, comme un physicien observant une réaction atomique. Il faudrait connaître parfaitement la culture et l’environnement qui permet à la vision de se déployer.

A défaut, il s'agit purement et simplement de , la prolongation par les blancs de la colonisation des terres amérindiennes, de leurs ressources minières, en une appropriation de la culture amérindienne.

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[1] Mesteth, Wilmer, et al. (June 10, 1993) "Declaration of War Against Exploiters of Lakota Spirituality." "At the Lakota Summit V, an international gathering of US and Canadian Lakota, Dakota and Nakota Nations, about 500 representatives from 40 different tribes and bands of the Lakota unanimously passed a "Declaration of War Against Exploiters of Lakota Spirituality." The following declaration was unanimously passed." "WHEREAS pseudo-religious corporations have been formed to charge people money for admission into phony "sweat lodges" and "vision quest" programs;"

[i] Tout comme d’autres cérémonies, la quête de vision a été mentionnée dans la Déclaration de Guerre contre l’exploitation de la spiritualité Lakota, en 1993. : « Like a number of other Indigenous ceremonies, the vision quest has been mentioned in statements by Indigenous leaders concerned about the protection of ceremonies and other Indigenous intellectual property rights; one of these documents is the 1993 Declaration of War Against Exploiters of Lakota Spirituality. "At the Lakota Summit V, an international gathering of US and Canadian Lakota, Dakota and Nakota Nations, about 500 representatives from 40 different tribes and bands of the Lakota unanimously passed a "Declaration of War Against Exploiters of Lakota Spirituality." The following declaration was unanimously passed." "WHEREAS pseudo-religious corporations have been formed to charge people money for admission into phony "sweat lodges" and "vision quest" programs”

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